Un document sur l'histoire du village avait été préparé à l'occasion des 'Nuits dEté'. Ce document, qui existe en versions française et anglaise, sera prochainement ré-imprimé pour distribution aux intéressés. Le texte suit :
Histoire du village de Cahuzac
Version
12.10.2012
Introduction
L’histoire
du village est intimement liée à celle de son château féodal. Le nom indique
peut-être que le village était déjà
habité à l’époque romaine mais il n’y a pas encore eu de découverte qui puisse
soutenir cette hypothèse. A 3m50 en dessous du niveau actuel de la surface ont
été trouvés en 1994 des vestiges de bâtiments en bois lors de travaux dans
la cour du château mais ces vestiges n’ont pas fait l’objet de fouilles
organisées et n’ont pas été datées. Un dolmen existait au lieu-dit
‘Lastrespeyres’, sur les bords du Douanel, mais il n’y a pas eu de découverte
archéologique sur le territoire de la commune ni de l’Age du Fer ni de l’époque
gallo-romaine. Par contre, à quelques kilomètres au sud, une grande villa
romaine a été fouillée au 19ième siècle à Montauriol.
Le château
actuel aurait été construit vers la même année que la bastide de Castillonnès,
distante de 2,5km, c'est-à-dire vers 1259. C’était le centre d’une baronnie
jusqu’à la révolution comportant douze paroisses des deux côtés du Dropt,
l’actuelle limite dans ce secteur entre les départements du Lot-et-Garonne et
de la Dordogne. Cette baronnie appartenait à des familles prestigieuses qui
l’ont considérée comme source de revenus complémentaires et territoire de
chasse. Elle avait une surface de plus de 7 000 hectares avec une population de
700 familles. Les revenus annuels en provenance de dîmes et de rentes, ainsi
que ceux des terres propres à la famille, étaient de l’ordre de dix mille
livres. Outre les familles travaillant la terre, il y avait à la veille de la
révolution, un juge, un procureur, deux notaires, le capitaine du château, un
vicaire, un régent pour l’éducation des enfants, un chirurgien et des artisans.
Six foires
par an étaient organisées au village.
Bien que le
château n’ait pas fait l’objet de siège, sa situation a fourni l’occasion à ses
seigneurs de participer activement à la guerre de cent ans ainsi qu’aux guerres
de religion et de la Fronde. Il a également été fréquenté par des personnages
connus.
La guerre de Cent Ans
A cette
époque le village était situé autour du cimetière actuel à l’est. Cet endroit,
toujours connu par le nom de ‘St Martin’, est le site probable de l’ancienne
église romane, maintenant disparue. Au château les barons sont du côté des anglais
et faisaient opposition aux consuls de Castillonnès, dépendants du roi de
France. La rivalité est née en 1345,
lors de la confiscation par Alphonse de Poitiers à Jean de Caumont, seigneur de
Cahuzac, de certaines paroisses. Une troupe de soldats navarrais gardait le
château et pillait les terres de la ville.
A ce moment Henry
de Derby, comte de Lancaster, prend Bergerac; il est vaincu à Ferrensac mais en 1346 il bat
l’armée du roi de France et prend le contrôle de la ville de Castillonnès -
qu’il incendie. La ville est reprise par les soldats français en 1369, mais 200
hommes réunis à Cahuzac et du côté anglais, prennent la ville par surprise en 1374.
Les populations souffrent beaucoup et cluseaux et souterrains sont construits
comme abris. (Les histoires de tunnels très longs, reliant même le château de
Cahuzac à la ville de Castillonnes, ne semblent pourtant pas être vraies. Des
vestiges trouvés en bas de la ville de Castillonnès sont plus probablement liés
aux égouts d’une possible villa romaine sur l’éperon où se trouvait l’ancien
château médiéval de Castillonnès, au nord de la place des Cornières).
Les guerres de religion
Sous
l’influence des Estissac, Cahuzac et Castillonnès restent fidèles au
catholicisme quand le réforme de Luther se répand en Agenais et Périgord. Mais
en 1562 une armée de protestants, commandée par Antoine de La Rochefoucauld,
conteste le territoire à Montluc, chef de l’armée catholique. N’ayant pas pu
prendre la ville de Castillonnès, l’armée protestante ravage le territoire,
entrainant une disette et une épidémie de peste. Elle s’empare de la ville en
1567 et l’armée catholique essaie de la reprendre utilisant comme base le
château de Cahuzac. Henri de Navarre passe tout près, après avoir été nommé
gouverneur de la Guyenne et essaie de séduire les notables de la région.
Antoine de Buade de Frontenac, ancêtre du premier gouverneur de Québec, fait
partie de ceux qui se mettent à son
service.
(La maison
familiale de Frontenac était située sur le territoire de la commune à
‘Frountana’ mais elle a été démolie en 1990 – avec l’accord de l’architecte des
monuments historiques !)
Lors des
hostilités reprises en 1590, à la mort de Henri III, le château de Cahuzac
était dans les mains des ‘réformés’. Le contrôle du château et de la ville est
contesté, mais la guerre civile cesse avec l’Edit de Nantes.
La Fronde
En 1637,
suite à un complot concernant Anne d’Autriche, partisane d’une alliance avec
l’Espagne et l’Autriche, que ne veulent ni le Roi ni Richelieu, le prince de
Marcillac, futur François VI de La Rochefoucauld, fait partir, déguisée en homme,
la duchesse de Chevreuse. Il la reçoit dans son château à Verteuil mais la fait
passer par Cahuzac. Histoire compliquée ! Après un exil, passé en partie
ici, Marcillac passe dans l’opposition à Paris et devient frondeur. Ses troupes
sont commandées par Condé et font un périple étonnant. La Rochefoucauld
rencontre Condé à Cahuzac et se rend au château de Lanquais où les troupes
attendent. Ils font 700 kilomètres en une semaine, puis affrontent une
bataille. A l’âge de 40 ans, la Rochefoucauld passe quelques années dans ses
possessions de l’Angoumois et du Périgord pour rétablir sa santé. Peut-être une
partie de ses mémoires a été écrite à Cahuzac. Il rentre en grâce auprès de
Louis XIV et vit à la cour jusqu’à un âge avancé.
Le château
est désarmé en 1793. Malgré une invasion en 1790 par les populations locales
aucune destruction ne semble avoir eu lieu.
Seigneurs de Cahuzac :
La famille
de Caumont (XIVe – XVe siècle) ; la
famille d’Estissac (XVe – XVIe siècle) ; la famille de La Rochefoucauld
(XVII et XVIIIe siècle) ; les familles de Bony, de Carbonnier, et de
Montbron (XIX et XXe siècles) .
Bibliographie
J.J Oscar
Bouyssy, Notice historique sur la ville
de Castillonnès, 1885 (réédité Paris 2003) - son livre promis sur
Cahuzac n’a jamais vu le jour ; Hubert Delpit, Le château de Cahuzac et ses seigneurs, Revue de l’Agenais, Numéro
spécial Castillonnes, 2010, pp41-68 ;
Léon-Jeffrey Hoare, Castillonnès,
les origines de la bastide, Villefranche– de–Rouergue 1990.